lundi 17 mars 2008

Chap. 3


Au départ, on commence avec un casier vierge. Lorsqu'on navigue sur le site, les informations et statistiques de base nous suivent et s'actualisent en temps réel. Ainsi, quatre fenêtres nous rappellent l'état de la situation : «dernier mail reçu», «dernier contact tchat», «dernière visite reçue» et «dernier flash reçu». Avec la trombine de son auteur. J'ai eu mon premier «flash» le deuxième jour : belledu34_25, de Castelnau-le-Lez. Plutôt pas mal. Pas vraiment mon genre mais enfin. Elle a tout de même un petit air légèrement psychopathique. Un je-ne-sais-quoi malsain. Comme si elle forçait son sourire pendant qu'on lui sectionnait le gros orteil. Blonde. 28 ans. 1,68 m pour 60 kilos. Style de vie : aime la cuisine italienne, fast-food (ah ! OK ...), aime les sorties entre amis, les discothèques, pop-rock, variété, r'n'b, cinéma comique, de guerre, fantastique. Bon. Annonce en langage SMS. Ça ne va pas le faire mais je réponds quand même. Elle a flashé, merde ! C'est peut-être la future mère de mes enfants ! Bon, faudra la briffer un peu quand même avant d'en arriver là. Vas-y qu'elle me répond en SMS. «kesk tu ve savoir sur moi di moi je te répondré» conclut-elle dans son message. Lâchement, je mets fin à notre idylle en ne répondant pas.
Ce faisant, «l'Initiatrice» continue à me lancer des émo-icônes MSN en forme de bisous qui font «smack !» sur mon écran de PC qui n'avait jamais connu autant de manifestation d'affection. A part les gonzos de fesse que je chope sur e-mule. De fil en aiguille, tout de même, je me laisse bercer par cette optique de relation amoureuse plus que potentielle. Ca marche, meetic, bordel ! C'était donc vrai ! Même pas une semaine et je suis déjà quasi-maqué. Bon, elle habite à Sète, elle a 31 ans. Une seule photo sur son profil mais elle a l'air pas mal. Un bon cul, a priori, même si sur la photo elle est assise. On se donne rendez-vous le samedi suivant au Cristal Bar à Sète, à côté des Halles, à 18 heures. Elle est secrétaire pour un concessionaire Toyota et finit à 17:30. Dans ma naïveté de novice, avec la candeur d'un petit porcelet ému qu'on lui donne des épluchures de patates à manger, je crois pouvoir dire que j'ai eu là ma première expérience de sentiment amoureux virtuel. Les trois jours qui ont précédé la rencontre, j'avais le sommeil agité, je me relevais pour me connecter au site et aller regarder la photo sur sa page. Vient le jour J. Je suis nerveux. Arrivé au bar avec une heure d'avance, je commande une bière pour me calmer. Comme une impression d'avoir rendez-vous avec mon destin. Il faut préciser qu'on avait passé la semaine à tchatter à toute heure (toutes les secrétaires célibataires de France tchattent sur MSN durant leur boulot, c'est un fait avéré) et à se téléphoner durant des heures (quel progrés pour les crevards, la téléphonie illimitée). Pour ne rien dire, d'ailleurs. Se bercer d'illusions. Lorsqu'elle est arrivée au rendez-vous, je dois dire que j'ai été instantanément déçu par son physique. J'avais fantasmé autre chose. Ce qui ne m'empêchait pourtant pas de l'embrasser au boût de quelques minutes, comme pour me libérer de toute la pression accumulée depuis plusieurs jours. Et parce que j'avais envie de baiser, aussi. A la fin du week-end qu'on avait passé à faire l'amour comme des cochons malades dans son clic-clac Conforama ouvert pour l'occasion, je me suis rendu à l'évidence qu'en fait je ne pouvais rien envisager avec elle, que je ne tomberais jamais amoureux d'elle, malgré son aptitude et son application passionnée à la fellation. En fait, elle était moins bien que sur sa photo. En fait, elle ne ressemblait pas à sa photo. Elle a compris que mon enthousiasme avait fondu en même temps que le virtuel avait laissé la place au monde réel. Si j'en juge les larmes qui ont accompagné mon départ, en fait, pour elle, ça le faisait. Et merde ! J'avais mauvaise conscience, maintenant, même si j'avais été sincère dans ma naïveté. Elle semble ne pas vouloir une relation de cul dont je me satisferais bien, moi, petit lapin lubrique que je suis. Je n'ai l'ai plus jamais revue. Merde, quoi ! Elle m'avait sorti son DVD de Benabar, quand même ! Je veux bien être prêt à des concessions, mais il y a des choses que je ne peux pas laisser passer, tout de même.

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